La provinciale

En transit depuis la gare d'Austerlitz. Des hommes d'affaires pressés par le succès, mais pas assez cependant car dépassés par une fillette surchargée. Dans mon sac, rien de superflu. Dans ma tête un avenir lâchement défini; lâchement au sens où plus que jamais je sais où je vais, avec la force de la certitude. mais comment, par où et avec qui ?
Engagée sur le chemin des possibles et pour unique ambition celle d'aimer loyalement, librement, de toujours faire au mieux sans détournements pour qu'une fois la chose acquise, je puisse me tenir les épaules fatiguées mais le buste droit et fier. Ca y est, je m'écarte... Un, deux, trois...
Pour le moment, humblement, mon chemin consiste à relier la gare de l'est depuis la gare d'Austerlitz, point barre. Rien de superflu n'est pas rien quand même, et j'ai vite l'impression de porter le double de mon poids en bagages. Qu'importe ! Jeune et fringuante. Toi là-bas: Je te double ! Toi aussi ! Et toi. Et toi. J'aime la vie donc sentir les sangles me blesser le cou. Mais bon, c'est encore loin, l'Est ? Ne pas s'arrêter, surtout pas, ou je me change en statue. Oh ! Les gros tuyaux du centre Pompidou, ce cher Georges ! Dépassé ! Les parisiens, blasés sauf exception ! Je les traverse, toujours sur ma lancée que seul un flot de voiture parvient à stopper. Le temps d'un feu rouge. Maudit en christ, je suis crevée ! Le temps pour un papi malicieux de me rattraper et... de me dépasser.